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Bohème, bohème – L’envers du décors

Commentaires fermés sur Bohème, bohème – L’envers du décors

décembre 12, 2015 par djarwood

Attention, ce texte peut dévoiler la conclusion de ce poème visuel, aussi je vous recommande de lancer le film avant tout:

 

BOHEME BOHEME

On se demande souvent comment naît un projet. Me concernant, il vient quand j’écoute une musique en boucle depuis 3h. Les histoires me traversent l’esprit, comme des étincelles dans un chaudron. Certaines restent, d’autres s’effacent, et soudainement, j’en repère une qui danse entre l’ombre et la lumière. Je sais que c’est la bonne, c’est celle qui me plait. Il faut que je la cueille et que je la réalise, mais surtout, qu’elle ne s’estompe pas.

Après, c’est toute une aventure qui commence. J’achète un bateau, rafistolé de partout, obtenu après d’âpres négociations, je choisi ensuite les membres de l’équipage, et c’est parti. La mer est rude, et l’inconnu à l’horizon, mais tout le monde s’accroche.

Le projet dont je parle, un court métrage de 9 minutes, narre l’histoire de la chute d’un homme et de sa salvation. Plus qu’une fiction, j’y livre une métaphore de la réconciliation intérieure. La réconciliation entre le corps et l’âme, symbolisé au sein de ce court métrage par l’homme et la femme.

J’ai choisi de mêler super8 et numérique car ceci accentuera la réconciliation entre les deux entitées, mais aussi car je trouve que le rendu du super8 est unique, magique, et également, j’aime les choses durables, authentiques, palpables dans ce monde où tout devient virtuel, quantifié, numérisé et irréel.

NDLR: si vous êtes plutôt littéraire, les premières étapes vous ennuieront probablement, vous pouvez sauter à l’étape 5.

  • Etape 0. Préparation mentale

Quand on commence un gros projet, on ne considère pas d’emblée qu’on va réussir à le faire. Ma méthode est donc de placer quelques briques, les plus importantes d’abord (les lieux), et ensuite, aller dans les détails. Ceci s’appelle une décomposition dyadique. Si l’une des grosses étapes échoue, on risque d’avoir du mal à faire le reste, et c’est sur la fin que l’énergie et la motivation faiblit, il faut donc être stratégique. Puis soudainement un jour, on se dit… « Mais… Il ne reste plus qu’à filmer ! » :)

  • Etape 1. Aller chercher les pellicules.

kodak-vision3-500t-color-negative-film-7219--Quand on commence un film en super8, on ne va pas chercher ça à la superette du coin… Non… C’est bien plus subtile, et l’histoire commence déjà.

Sur internet, je trouve un des derniers revendeurs de la pellicule qui m’intéresse: la célèbre Kodak tri-X 400 asa. C’est en Seine-Saint-Denis. J’y vais un soir de décembre 2013 à 19h, c’est l’hiver, il fait nuit, il fait froid. Je me retrouve au cœur d’une cité. En cette période de crise, les politiques semblent avoir décidé de ne plus allumer les lumières dans les cités. Ça rajoute un côté un peu flippant. J’arrive au pied de l’immeuble, je rentre, je croise une bande de jeunes encagoulés, je regarde le mur d’en face, sur lequel est inscrit le code d’honneur du jeune de cité. Je ne me souviens plus très bien mais il était écrit un truc du style: « Tu ne balanceras pas tes frères, etc. ». Je regarde autour de moi, et là je trouve finalement la porte du vendeur de pellicules. Une énorme porte blindée. Je l’ouvre, l’homme me reçoit et me dit qu’il revient dans un instant. Il part sur le côté, je jette un coup d’œil, j’aperçois quelqu’un de très malade à priori puisque dans un lit avec pleins de tuyaux médicaux. Un homme bien courageux qui semble s’occuper de sa femme malade. La scène était assez surprenante, pittoresque d’une certaine manière (au sens artistique), mais passons, ça ne nous regarde pas. Je demande mes pellicules, un autre client arrive, je discute avec lui, il semble étonné que j’achète toutes ces pellicules, nous parlons de nos professions respectives. Lui dans le cinéma, moi dans… une banque d’investissement. BREF. Nous-nous souhaitons une réussite respective et j’ai enfin 7 pellicules, dont deux pour des tests (pellicules Wittner).

C’est cher. Trop cher (je mets des prix un peu partout car ça peut servir à celui qui cherche à produire un court). 25€ la pellicule, soit 20 baguettes tradition à la boulangerie du coin ! Et le développement, je n’en parle même pas (30€) ! J’en ai besoin de 15, ça fait un total de 825€ sans la numérisation 4K (100€ par pelloche).

Note: Au début j’avais prévu de faire le développement moi-même, comme pour mon premier film super8, mais en plein dans ce projet, je me rends compte qu’il me manque de l’expérience, je ferais ça sur d’autres bobines, c’est trop risqué.

Du coup, je trouve un plan pellicule à 13$ à New York (à B&H), ça me fait de la bobine à 10€ !! Le temps passe et je finis par aller à New York pour le mariage de ma cousine ! Chic !

J’embarque ma caméra super8, au passage je fais un film avec les bobines que j’ai acheté en France, voici le résultat:

Il pleut des cordes, après que le taxi m’y ait déposé, j’arrive à l’intérieur de B&H, un magasin extrêmement bien organisé (faites-y un tour, c’est une expérience). J’essaie de négocier avec l’un des vendeurs.

– « Can you make me a price ? I’m making my first movie… »

– « Sir, you are negotiating, and I really appreciate because this is very smart, but you have to understand that for those films, we are making the best prices over the world. So no, I won’t make you a price. »

Ok, il a raison… :)

Hélas, de retour en France, je me rends compte que 200 asa ne vont pas suffire, il me faut une autre pellicule plus sensible. Je choisis la Kodak Vision 3 500T, soit une pellicule couleur très haute sensibilité. Je la passerais en N&B pour l’uniformité. Je charge donc ma sœur de m’en récupérer, chose qu’elle fera en évitant même les barrières rayons X des aéroports !

L’étape 1 est terminée. Ce ne sont que les pellicules, ça ne représente qu’une toute petite partie du court métrage.

  • Etape 2. La caméra super8

Le must aurait été une caméra en très bon état, une de ces affaires que vous ne faites qu’une fois… Cela faisait longtemps que j’arpentais les vides greniers, les brocantes etc. Mais rien… Pas l’ombre d’une caméra en bon état.

Puis un de ces jours pluvieux, je me balade à Corbeil-Essonnes, ville de mon enfance. J’entre dans une de ces espèces de grandes surfaces de la seconde ou troisième main, où l’on trouve de tout. Je fouille, et je la trouve, Elle, sublîme, presque cachée… Personne n’y a touché: La Sainte Caméra Super8 Canon Auto Zoom 518 SV avec une grosse erreur sur son prix: 20€ ! Je l’achète immédiatement, dans la boite, il y a encore la facture japonaise des années 70 !

Mais après quelques tests, je me rends compte qu’elle est un peu trop automatique à mon goût. Je cherche donc LA caméra super8: une Beaulieu. J’en trouve une révisée sur mon ami ‘le bon coin’. C’est une beaulieu 4008 ZM II, je la négocie (mal) à 250€.

Une très chouette caméra, mais elle n’est pas très pratique au niveau de la prise en main: le viseur sans ‘focusing screen’ rend difficile la mise au point, et la poignée est plutôt conçue pour un gaucher.

Je décide qu’il me faudra un ‘live view’ soit un petit écran LCD pour faire ma mise au point. Je sens déjà les puristes sortir leur colt 8mm, mais soit, il faut vivre avec son époque sans oublier le passé ! J’achète un Vado HD, et je bricole un adaptateur que je visse à l’arrière de la caméra. Ça fonctionne à merveille ! C’est beaucoup plus pratique !!

Je suis très embêté au niveau de la batterie. Celle que l’on m’a vendue ne tient pas, elle est trop ancienne. Je mène des recherches, et finalement, je décide d’en fabriquer une déportée à partir d’un accu 7.2v à 4500mah. Avec ça, je peux tenir 10h non stop. Je trouve tout ce qu’il me faut sur ‘le bon coin’. Au passage, je conseille définitivement de faire ce bidouillage et d’acheter un chargeur qui se branche sur une batterie de voiture. En 15 minutes, vous avez de quoi tourner pendant 1h ! Et en 40 minutes, de quoi tourner pendant 10h ! Sans compter le fait que vous aurez toujours accès à une voiture, en revanche, une prise c’est plus compliqué.

Je nettoie et révise moi même ma caméra, elle est prête…

Moins d’un mois avant le tournage de la scène finale, filmée en plein jour, je me rends compte avoir acheté de la pellicule 500T. Je panique. Déjà, 500 isos, c’est beaucoup trop, il faudrait que je sois à f64 pour que ce soit bien exposé ! Ensuite, je me rends compte que le T de 500T signifie lumière ‘Tungsten’… Mmmh… Et 500D aurait signifié ‘Day light’… Ok… Ça commence bien. Je réfléchi. Premier problème: la sensibilité. Je commence à baliser, faut-il que je change de pellicule pour cette scène ? Il me reste deux semaines pour en trouver une… Non, je veux que le grain et le type de rendu soit uniforme. Et puis tout devient logique, par enchantement. De un, filmer en 24 fps à la fin du film peut avoir du sens, la fluidité revient, c’est plus vivant, moins fébrile. La symbolique est bonne, et ceci pourrait augmenter la vitesse d’obturation à 1/86 au lieu de 1/65. Ensuite, je réfléchi au second problème: je me renseigne et réalise qu’il faut de toute façon mettre un filtre gélatine 85b pour avoir un rendu chaud sur une pellicule type Tungsten. Et la bonne nouvelle est que ces filtres ont une densité qui fait baisser la sensibilité ! Avec une densité de 0.9, je passe donc de 500 isos à 320 ! Merveilleux ! Je démarche donc, et c’est là que toute la magie intervient. En stress, je cherche sur ‘le bon coin’, et trouve la Sainte Annonce: « vends 100 filtres gélatines kodak: toute la gamme 85 plus d’autres filtres gris neutres ». Ma solution est là devant moi ! J’appelle le vendeur, nous discutons, il me donne rendez-vous au bar « Les trois obus », à Saint Cloud, en m’expliquant qu’autrefois, c’est dans ce bar que se donnait rendez-vous les équipes avant de partir en tournage ! L’argentique, c’est aussi ça, des rencontres improbables avec une histoire en trame de fond !

  • Etape 4. L’éclairage

L’éclairage, c’est le plus important en photographie… Sans lumière, il n’y a pas d’ombre, et sans ombre, la lumière ne sert à rien.

Quand on n’a pas beaucoup de moyens, il faut être rusé. A noël, je décide de me faire un cadeau: mon éclairage. Et puis je sais pas, je vois une offre sur groupon: le super kit éclairage avec boites à lumières comprises, etc… Je rêve et je l’achète sans trop m’en rendre compte, enfin si… Mais après (300€). C’était peut être un peu impulsif, je crois que j’avais vraiment envie d’être débarrassé de ce problème aussi vite que possible.

Et puis je reçois l’ensemble. Un truc ‘no name’ très moyen pour faire de la vidéo. 75 Watt par ampoules. Génial.

Donc là, je rougis, inéluctablement. Je serre un peu les dents, je lâche un petit « Et merde »… Bon et puis après, finalement, je me dit que ce n’est pas si mal. J’ai trois boites à lumières, trois trépieds, dont un en perche, et trois flashs avec lampes témoins à 75W. Du coup, je démonte un peu l’ensemble et je me dit que cette lampe doit pouvoir se changer, car avec 75 Watts, je ne ferais rien. Je craque complètement sur internet (à nouveau). J’achète une ampoule 650Watts et trois autres à 350Wattts. Oui. Non mais c’est bon ça passe.

Et puis le lendemain je me réveille, je serre les dents, je lâche un autre petit « Et merde »… Donc j’appelle broncolor (le site sur lequel j’ai trouvé les ampoules), et je leur dit que je suis désolé, j’ai cliqué trop de fois sur le bouton bref, j’essaye de réduire un peu la facture. Du coup, comme je suis un peu un mordu, je conserve l’idée de mettre une ampoule 650Watts sur un flash pas du tout prévu à cet effet, mais je garde également UNE ampoule 350Watts.

Je reçois le tout, les modèles s’adaptent bien sur mes têtes de flash ! Pour le 650 Watts, voyant la taille de l’ampoule, j’ai un éclair de génie et je décide de remettre le terrorisme à une autre fois. Quoique maintenant, pour raconter une anecdote sur ce blog, j’hésite à la brancher « just for fun ». Donc, je branche une très grande rallonge, je mets l’ampoule 350Watts, ce qui est déjà énorme, je bouche mes oreilles, j’allume la prise loin de moi, et Ô bonheur ! Ça fonctionne ! Je laisse 10 minutes, bon… Well, ça commence à sentir le cramé. Ça marchotte 15 minutes, 20 minutes. Bon ça marche mais je ne suis pas rassuré. Je me vois mal éteindre un incendie dans une grotte avec des sacs de couchages. Ça ne fait pas sérieux.

Du coup, hop, mon ami le bon coin, 3 mandarines 800 Watts, deal à 350€, ok je prends, et voila. C’est bon, et puis je revendrais le tout plus tard.

Je passe les détails, car il y avait un problème avec ces mandarines: les prises étaient UK, donc j’ai du faire du bricolage. Je voulais assurer qu’il y ait bien une prise terre pour mon chef op’.

  • Etape 5. Les costumes

Les costumes c’est toujours la partie frustrante. Je regarde les photos de mode, Avedon et autres, et je rêve de super costumes, de super trucs de créateurs… Je prends mon téléphone, en grand rêveur, j’appelle des grands couturiers, j’explique mon projet, mais, manque d’expérience de l’époque, je bredouille, on me raccroche limite au nez. Je donne donc rendez-vous à ma comédienne, avec qui nous nous baladons dans Paris à la recherche du costume, ce qui terminera bredouille dans un bar avec un bon cocktail aux fruits histoire de me faire pardonner pour cette perte de temps.

Je fini par consulter tout Internet et je tombe sur un site « Paris mode etc…. », robes de créateurs pour un prix abordable. Je tombe dans le piège, les photos sont superbes, loin de la réalité; les robes sont faites en Chine du coup les tailles ne sont pas du tout les mêmes ! Je reçois la robe; j’essaie de la passer sur ma tête juste parce que je trouve le diamètre vraiment petit: elle ne passe même pas ma tête ! Je me sens soudainement à la fois stupide, crétin et nouille. Nouille molle même. Bon. Je prends la robe et l’emmène chez la comédienne, on ne sait jamais. Et là, coup du destin, la Robe lui va à merveille ! Ouf ! Je me sens moins nouille, plutôt ramen (mon honneur est sauf).

Et pour les bijoux, je me sers de ce que conçoit mon père, à savoir de magnifiques bijoux faits main !

  • Etape 6. Les lieux

Les lieux, c’est l’essence de ce que je crée, après la musique. Pour les trouver, il n’y a pas de limite. Si je dois faire entrer une Stutz Blackhawk de 1976 dans les arènes de Arles, j’appelle, et souvent ça marche. Bien mieux qu’avec ces prétentieux couturiers lors de mes recherches de costumes.

Le coup d’envoi du court métrage a été lancé quand j’ai trouvé ces carrières d’Aubigny. Je cherchais désespérément une inspiration en me documentant sur internet. Le problème avec les carrières abandonnées, c’est qu’obtenir des autorisations / l’électricité. C’est un vrai parcours du combattant. Conditions de sécurité, etc…. Et j’ai horreur de travailler dans le stress de l’illégalité, ce n’est pas agréable. Pour les carrières, j’avais repéré plusieurs endroits et mon rêve était les carrières d’Aubigny, je n’aurais jamais cru avoir l’autorisation et j’avais planifié l’appel en dernier. Ce fut les seuls qui acceptèrent, les gérants étaient vraiment des gens sympathiques qui nous proposèrent de poser nos tentes dans la carrière. J’y voyais une véritable aventure à la Indiana Jones !

Carriere-Aubigny

Pour la partie dans la carrière, ce fut très dur, du départ jusqu’à la fin du weekend. La journée commença à 10h j’avais réuni un décors, tapi oriental, pots, narguilé, boule de cristal, costumes, soit de quoi remplir une voiture. Je décidais donc que nous-nous séparions: moi et Pauline la comédienne, nous irions louer un chapeau qui me plaisait beaucoup et Vincent, le comédien et ma femme Anne Virginie iraient en voiture jusqu’à Corbeil-Essonnes où nous-nous retrouverions pour y prendre une seconde voiture avec tout le matériel cinéma. Rien ne se passa comme prévu: tous les éléments s’étaient déchaînés contre nous. Le chapeau qui me plaisait tant n’était pas à la bonne taille, le train qui devait nous amener, moi et la comédienne à Corbeil-Essonnes avait pris du retard pour « accident de voyageur ». Une fois arrivé au point de rendez-vous à Corbeil, des manifestants aux rythmes accélérés de djembés s’approchaient peu à peu de la rue où nous tentions tant bien que mal de charger notre matériel, ce qui me stressait car je savais que ça bouclerait la circulation. Je décidais donc qu’une première voiture parte afin de ne pas rater le rendez-vous avec les gérants de la carrière. Sur la route, une pluie torrentielle s’abattait sur le pare brise de la camionnette, que je conduisait à toute allure en direction de la Bourgogne, soit 4h de Courbevoie, notre point de départ. Nous n’avions plus qu’une demie-heure avant d’arriver à la carrière et il nous restait 1h30 de route, nous fîmes donc une pause afin que j’appelle les gérants. Pour mieux expliquer, les gérants étaient partis en vacances, et une sorte de chefaillon du dimanche s’était temporairement emparé du pouvoir et me fit comprendre que si je n’étais pas là dans 30min, il fermait la carrière et partait. En gros, pour résumer, 3 mois de travail à trouver tous les accessoires, 1 mois de travail continu sur le script, 3 voitures affrétées des quatre coins de Paris, bref tout mon projet ne tenait qu’à une demie-heure. Nous reprîmes notre route à vive allure. 30 minutes plus tard, il ne restait que 45 minutes. Je demandais donc à ma comédienne de prendre sa voix la plus suave et de négocier 40 minutes avec le chefaillon. Le débat fut vif, et entre temps, ma maquilleuse Chinoise arriva ce qui installa la confusion la plus totale. En même temps, ma femme et Vincent arrivèrent ce qui arrangea les choses. Enfin, ma comédienne raccrocha le téléphone et me dit:

« – Hum. Eloi. J’ai une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle. Je commence par laquelle ?

– La mauvaise » (ne jamais dire ça)

« – On a oublié les costumes. »

Et là j’explose: en pleurs le réal’ !

« – La bonne, la bonne, vite…

– Le gérant attends 10 minutes. »

Nous arrivâmes, et j’appris que ce qui devait être tourné le dimanche devait l’être dans la nuit. J’explique donc cela à mon équipe, en disant que je suis désolé. Mais finalement, ça m’arrangeait; je me voyais mal tourner devant les badauds car, surprise, le dimanche était la journée du patrimoine (pas vu venir ça non plus).

Restait ce problème de costumes oubliés. Là, c’était critique, et notre sauveur arriva: le mari de la maquilleuse se proposa de faire l’aller/retour Aubigny/Paris – Paris/Aubigny, soit 6h de route en bourlinguant. Je ne le remercierais jamais assez !

Nous tournâmes les premières scènes, je ne connaissais pas beaucoup mon équipe, mais je lisais dans leurs yeux un certain émerveillement, comme si nous étions dans le ventre du mystérieuse pyramide, et ça nous transportait.

Le lendemain, le chefaillon, qui avait parié sur notre échec, fut sidéré de nous découvrir bien sages en train de prendre notre petit déj, avec Vincent qui tirait nos cartes avec le jeu de tarot divinatoire ! Nous avions remis la carrière en parfait état, j’y ait même réparé une prise.

Pour les scènes dans Paris, nous étions deux, moi et Vincent l’acteur. Ce fut folklorique; j’avais eu l’autorisation de tourner dans le parc Montsouris. J’aimais beaucoup la symbolique de cette pyramide (qui au passage est franc maçonnique). Nous avons eu le bonheur de découvrir qu’une publicité était en cours de tournage au même endroit. Il y a donc ce cliché de moi que je n’oublierais pas si je deviens un jour réalisateur: j’avais demandé à Vincent de me prendre en photo contemplant toute l’équipe ciné pour la publicité. Je me disais qu’un jour, ce sera peut être un autre jeune qui se prendra en photo en regardant ce que je fais, la roue tourne. Bon, zappez ce passage, c’est ridicule, je crois que je suis tout seul à me comprendre.

Un passage qui m’a choqué sur Paris: nous déambulions et vu que j’étais seul à filmer, le tournage était plutôt discret. Vincent devait jouer un homme blessé, titubant. Nous étions dans les allées du parc, et à cette heure-ci (10h), il y avait une grande affluence. Personne sauf UNE joggeuse s’est préoccupé de savoir si mon acteur allait bien. Ce que ça veut dire, c’est que si quelqu’un s’est pris un balle dans le 14e, n’attendez pas à ce qu’on vienne vous demander si vous allez bien. Dans ce quartier, les gens n’en avaient simplement strictement rien à faire.

Par la suite, grâce à quelques contacts, je réussi à préparer un tournage dans un bunker où étaient stockés les V2 Allemands qui devaient détruire Paris, à savoir un dédale de 2km2 de souterrains avec piscines naturelles, etc… Expérience davantage flippante qu’utile, mais intéressante: le temps s’y est arrêté: impacts de balles témoignant d’un grand affront lors de la libération, tonneaux, vieilles automobiles déglinguées, etc. Si les fantômes existent, je peux vous garantir qu’ils étaient bien là. Mais finalement, je décidais de n’utiliser aucune image de cette expérience pour le projet car l’ambiance s’éloignait trop de l’intention de mon court métrage. C’était plus sinistre que mystérieux.

Pour vous donner une idée, voici un cliché fait avec mon téléphone, à part le N&B, aucune retouche n’a été apportée…

Bunker

Enfin, pour le final, j’ai choisi les falaises d’Etretat. Il fallait quelque chose de théâtral, un affront indescriptible qui abouti sur une conciliation entre âme et corps.

Etretat-boheme

  • Etape 7. L’équipe

Il faut bien réaliser une chose quand on fait un projet: le plus important n’est pas le projet, mais plutôt la façon dont il est fait, ta façon de respecter ton équipe: ça ne sert à rien de gagner Cannes si derrière tu as maltraité/escroqué toute ton équipe.

Donc…

Avant tout, ma femme… Il faut quand même réaliser le temps qu’un projet comme ceci peut prendre quand on commence, et c’est aussi difficile à vivre au quotidien. Mais ma chance c’est qu’elle se soit approprié le projet, m’a aidée sur divers points comme l’obtention des droits pour le poème de Jacques Prévert. Et ses cannelés dont elle seule en connais la recette nous ont sauvés à de maintes reprises d’une mort certaine !

Je savais que j’allais beaucoup demander à tous, mais le plus délicat fut de trouver une maquilleuse qui accepte de venir dormir sur place avec nous dans une carrière où il fait 13°C, et dans laquelle logent 250 chauves souris. Il me fallait un shooting de test. Je me suis souvenu d’une maquilleuse avec qui j’avais fait un stage photo studio, je la contacte pour ce shooting photo de test sur le thème de l’automobile américaine des années 60. Je trouve une modèle, le temps passe, je ne parviens pas à avoir confirmation de la modèle, donc à la dernière minute je décide que ma compagne sera la modèle. J’informe la maquilleuse, qui m’indique qu’elle a finalement prévue autre chose et elle m’indique qu’elle a une autre amie maquilleuse qui peut s’arranger avec moi. En parallèle, Pauline m’avait mis en contact avec une maquilleuse très sympa, je la contacte pour assurer mes arrières. Je l’appelle, et finalement, je sens que c’est avec elle qu’il faut travailler. Donc je décommande l’autre maquilleuse. Mal m’en a pris ! Je reçois une lettre d’insultes: « Vous auriez pu me le dire avant, c’est vraiment pas professionnel !!! » etc. Et là, je comprends que j’ai fait le bon choix. Merci Pauline ! Rétrospectivement, dans la carrière, mon Dieu que ça se serait mal passé !

Le shooting photo se fait, et la maquilleuse me fait un travail extraordinaire qui sera plus tard récompensé par le prix Ilford !

Fatal woman

Concernant les acteurs, il me fallait des commandos hyper motivés. Plus précisément, il me fallait une bohème et un homme blessé. Pauline, que j’avais croisé il y a très longtemps me semblait le meilleur choix pour l’actrice. Elle avait l’âme d’une bohème, c’était indispensable. Il ne me manquait plus que l’acteur masculin. j’ai donc fait appel à ma sœur et à Pauline pour me trouver des personnes, et après pas mal de faux bonds, j’ai fini par me décider en faveur d’un ami de Pauline: Vincent. Excellent choix car on s’entendit très bien, et le projet lui plu. C’est ce qui m’importait, avec l’investissement que ça représente pour moi, il fallait que chacun y trouve un intérêt, mais aussi que je sente ça en chacun des membres de mon équipe. Une sorte de complicité s’est installée tout au long du projet, l’entourage, c’est très important quand on affronte un projet. Ils ont été géniaux.

Enfin, il me fallait un témoin de ce trip, mais également quelqu’un qui m’aide pour les plans, mon second œil, alias Steven Robinson, ou bien François ! Il ne manquait plus que ma femme, élément essentiel pour gérer mon stress, et l’équipe était enfin au complet.

Je ne sais comment remercier tous les membres de mon équipe, il fallait me suivre dans cette folle épopée et ils ne m’ont pas lâchés. Ce sont des gens formidables, mes acteurs fétiches !

  • Etape 8. La musique

Pour comprendre l’importance de la musique, il faut revenir à la source. A l’époque, je travaillais dans la finance et les trajets en métro étaient assez longs. C’est la musique de Bernard Herrmann qui m’offrait une certaine liberté. En l’écoutant, je m’évadais dans mes histoires. Un vrai chaudron magique d’où naissaient mes histoires.

Le projet « Bohème, bohème » naquit, entres autres, grâce à la musique de Sinbad le Marin de Bernard Herrmann. C’est elle qui m’a permis de trouver le scénario dans sa totalité. J’ai donc fait tout mon possible pour obtenir les droits de l’utiliser, j’ai tenté de prendre contact avec les ayants droits, la SACEM, et bien d’autres. Pour obtenir les noms de personnes à contacter, j’entrepris d’acheter le disque vinyl contenant cette musique: « The Fantasy Film World Of Bernard Herrmann – Bernard Herrmann conducting the National Philharmonic Orchestra », un chef d’œuvre que j’eus du mal à me procurer. Je n’y trouvais aucune information exploitable, la maison de production ayant changé de nom. Dans une dernière tentative, j’envoyais une lettre manuscrite, bouteille à la mer envoyée au « National Philharmonic Orchestra ». Il fallait qu’elle tape à l’œil, alors j’y mettais toute mon énergie, plus par amusement qu’autre chose (notez le cachet avec les lettres « DW », Djarwood):

Ecriture lettreJe n’eus aucune réponse, probablement du fait qu’elle n’ait été écrite à la plume d’oie. J’imagine que le destinataire a probablement bien rigolé, mais ce n’était pas un grand mal puisque qu’une autre idée avait germée en moi: je me lançais le défi de composer la musique. Bah oui, comme ça, petite vengeance…

Hélas, j’allais peut être un peu vite. J’avais certes fait quelques musiques électronique dans ma jeunesse, mais c’était il y a bien longtemps, et je n’avais aucune notions de solfège, faire de la musique classique représentait un défi de taille, surtout pour un film muet, où je pouvais me ridiculiser et gâcher mon court métrage…

Pendant six mois, je me préparais, j’enregistrais des passages à la voix sur mon téléphone. Il faut s’imaginer: chaque fois que j’avais une idée, que ce soit dans l’ascenseur de la banque où je travaillais, dans la rue, dans le bain, les toilettes, j’enregistrais. Et chaque jour, je me demandait « Est-ce que je suis prêt ? Non… Pas encore ». Et puis un jour, je décidais que c’était le bon moment. J’achetais Cubase, super logiciel qui me permettrait de composer et d’imprimer la partition.

Une fois mon installation effectuée, j’ouvris le logiciel, je me dis qu’il fallait d’abord faire un test. Je tapais quelques notes sur mon petit clavier maître, et je ne sais pas, la découverte de la composition au piano me semblait soudainement magnifique. Les accords surtout, je n’avais jamais trop investigué dans cette direction. Certains accords me parlaient beaucoup, et j’avoue même, non sans une certaine gêne à l’avouer, que certains me faisaient tirer quelques larmes. J’imaginais les scènes de Paris, le reste devenait logique. J’avançais bien plus rapidement que prévu. 30 secondes de musique me demandaient 2h de travail et parfois 1h le midi produisait 1 minute de musique. En parallèle, c’était assez compliqué car chaque note se devait d’être justifiée (je réfléchissais beaucoup sur chaque accord), et il fallait être dans l’ambiance. Certains soirs, je me forçais un peu à composer, c’était un échec total, surtout en cas de fatigue. Non, il fallait que ça vienne naturellement, un brin de soleil perdu dans l’orage. Le test devint la BO du film.

Pendant la composition, le plus difficile était de garder un secret sur la musique. J’avais réussi à faire en sorte que le film reste secret et ne soit pas vu par mon équipe avant projection (excepté par mon second œil, François), pour la musique, il fallait le même secret, car la musique, c’était le film.

Le support du film m’a beaucoup aidé, mais aujourd’hui, avec le recul, j’avoue ne pas trop savoir comment avoir réussi à faire ça, je ne pensais pas en être capable. C’est mystérieux, magique, tout comme le projet…

  • Etape 9. Le développement et la numérisation

Il y a toujours une petite crainte à envoyer ses films par la poste à un laboratoire de développement. Plus jeune, j’avais envoyé les films non développés de mes parents, ils ne sont revenus que partiellement. « Perdus » par le service de transportation d’après le laboratoire Français dont je ne citerais pas le nom.

Pour la numérisation, il existait une entreprise, As Image, qui faisait un excellent travail ! Numérisation en 4K avec une profondeur de 16 bits. De quoi rattraper mes erreurs d’exposition. J’y avais envoyé une pellicule que j’appelais « le tombeau de LTC ». Il s’agissait d’images que j’avais captées quelques semaines après la liquidation de ce célèbre laboratoire qui avait vu passer dans ses cuves d’innombrables films célèbres. Pour en citer quelques uns: « Le clan des Siciliens » (Henri Verneuil), « Le cerveau » (Gérard Oury), bref…

Je décidais de passer par cette entreprise pour le développement ET la numérisation. Pour le développement, les films étaient envoyés à AndecFilms en Allemagne. Le tournage ayant commencé, je leur donnais les films qui étaient déjà réalisés. Je récupérais mes films un mois après, et eu le bonheur d’y voir les premières images de mon films (en négatif !). Puis le temps passa, en parallèle du tournage, j’essayais de réunir 1400 euros pour la numérisation de tout mon film car je ne voulais pas faire appel à d’autre entreprise moins chère et moins bonne. 7 mois après, je revins avec le reste de mes pellicules non développées. Le ciel était lourd, un orage au loin. Moi avec une belle chemise pourpre, mes lunettes noires et un cuir qui dégoulinait sur mes épaules. J’arrive devant la boutique, stupeur. Elle avait fait faillite.

La numérisation se fit donc aux USA, en Arizona… Imaginez donc envoyer un projet de 1 an à 13000km par la poste… Là vous tremblez.

  • La « carrière » du court métrage

Le court métrage fut sélectionné à 4 festivals, j’ai tenté de faire voyager « Bohème, bohème… » autant que possible, mais ce n’est pas simple. Bien sûr au début on rêve: Berlinales, Cannes, Locarno… Et oui, bien sûr qu’il faut rêver, tenter ! On ne sait jamais et je ne vais pas faire un tel court métrage tous les ans. Le notre fut sélectionné au Short Film Corner à Cannes. Au début, lorsqu’on est sélectionné, tout le monde se dit: « Whaou ! Cannes quand même ! », mais bien entendu, je ne suis pas dupe, le short film corner est très loin d’être aussi prestigieux que la sélection officielle, il faut être préparé à ça avant d’y aller, sinon c’est l’auto destruction psychologique. Néanmoins, et dans mon cas, j’ai réalisé sur place que ce n’est pas si négligeable: ayant tout appris quasiment seul, je fut bien heureux de constater que tout mon entourage de Cannes SFC étaient des étudiants sortant d’écoles, parfois de grandes écoles. C’est une première étape pour devenir un professionnel, je me suis dit: « Bon, ça y est, je sors de ma propre école ! ». Ce fut intéressant à plusieurs niveaux: les conférences, les courts métrages, les rencontres et l’ambiance de Cannes.

J’ai réussi à projeter mon film dans une de ces petites salles, et j’ai eu le plaisir de recevoir deux Russes très intéressés par le cinéma Français, c’était très chouette !

Cannes, c’est aussi le seul endroit où tu verras des CRS manger des barbes à Papa, des vieilles femmes en tenus peau de léopard moulantes, des stars qui n’en sont pas et que tous les photographes tentent de prendre en photo en se bataillant ! Il faut vraiment prendre ça avec et humour et chercher à apprendre, donc à parler à des producteurs. Le premier jour, je me plante: j’arrive en jeans pas très sûr de moi. Je comprends vite que ce n’est pas comme ça que je vais m’en sortir. Du coup, le lendemain, je mets mes plus beaux vêtements. J’emporte des cigares et des DVD.

cannes-eloiJe me balade dans les différents pavillons et je fini par atterrir au pavillon Québecois, il y a un pot et je m’incruste. Assez immédiatement je me rend compte que je suis entouré de producteurs. Je commence à parler à l’un d’eux, un débutant je pense. Je sur-vends mon projet, les gens se demande qui est cet homme avec ce cigare… Beaucoup semblent penser que je suis important… Ahahah ! Et soudainement, un producteur avec un cigare s’incruste, quelqu’un de très expressif, connaissant tout le monde. Nous discutons, je lui explique que j’ai fait un court métrage; il me réponds: « Bon Éloi, donne moi ton email, ton téléphone, un exemplaire de ton court métrage, signe-le. On se recontactera peut être. », c’est ça Cannes: tout le monde te recontactera (peut-être)…

En revanche, et ça c’est peut être la rencontre la plus positive: je cherchais absolument à voir un film, mais sans invitation, c’est dur… Je me retrouve donc dans la queue de dernière minute à attendre 2h avant une séance de « Sea of Trees ». Et comme nous sommes tous en train d’attendre dans la file, je sympathise avec mon entourage. Je discute avec un réalisateur/producteur Américain Adam B. Sutton qui vient de projeter un film à Cannes (The Magic History of Cinema) ! Jeez ! Ce n’est pas rien ! On s’entend très bien, j’avais amené une tablette avec mon court métrage, du coup je la montre, dans la file d’attente avec une dizaine de badauds qui regardent :) ! Chouette projection improvisée ! Nous échangeons nos contacts, seul contact qui perdurera après le festival !

Le soir, je termine avec un verre de vin sur le sable, à regarder un vieux film Français en N&B projeté en plein air… Je savoure mon dernier soir.

Cannes c’est très fatiguant si tu fais ça à fond et c’est pour cette raison que j’y suis allé seul: je voulais foncer. Tu te lèves à 6h, tu te couches au minimum à minuit. Mon train de retour était à 10h, et il y avait un petit déjeuner à 8h30 où nous pouvions défendre notre film auprès d’organisateurs d’autres festivals. J’ai hésité, mais j’y suis allé quand même au risque de rater mon train. J’ai défendu notre film pendant 1h15, et je suis reparti. Mais Cannes, ça ne s’arrête jamais: dans le train du retour j’ai discuté pendant plusieurs heures avec une distributrice VOD, nous avons échangé nos contacts. Elle semblait étonnée par mon profil geek/cinéaste ! En effet, dans le train je travaillais sur un cours sur C++ pour financer mon voyage à Cannes, ça attire l’attention le badge Short Film Corner + cours de programmation…

Si je recommencerais l’expérience Cannes ? Bien évidemment, mais avec toute mon équipe !

Il y eu d’autres festivals où fut projeté Bohème, par exemple le Paris Short Film festival dans le cinéma rue Médicis à Paris. C’était un petit festival, mais c’est quand même très chouette de voir son film dans une salle de cinéma. Et j’y ai vu des courts métrages loufoques et amusants.

Également, notre film fut projeté dans le désert de Joshua Tree en Californie ce qui correspond tout à fait à ce que je voulais: une expérience unique pour notre film bohème !

Joshua Tree

Enfin, très prochainement, notre court voyagera à bord d’un camion ambulant (Le Plein de Super) qui fera des arrêts dans toute l’Europe pour des projections insolites de films muets.

Finalement, pour un premier projet, je trouve ça très bien. Loin d’un échec, c’est une belle réussite/destinée pour ce projet.

  • Conclusion

Un court métrage c’est un exercice de style où tout est permis, c’est un lieu d’expérimentation où l’on propose au spectateur autre chose que ce qu’il peut voir dans un long. En ceci, ce fut très intéressant à faire et je pense que l’objectif fut atteint. Notre court métrage n’eut hélas qu’un succès mitigé en termes de festivals (Cannes SFC, Paris Short Film Festival, Joshua Tree Film Festival, Le Plein de Super), c’est un projet personnel qui nécessite plusieurs visionnements, et à vrai dire, je ne parvins à donner une explication explicite sur ce projet qu’un an après. Il y a une sorte de pudeur que l’on finit par assumer lorsqu’on livre une part de soi. Quoiqu’il en soit, j’ai pris un grand plaisir à achever ce projet. Et ce qui me plait par dessus tout, ce sont les différents niveaux d’interprétations possibles: une histoire d’amour, un film sombre, une métaphore… Peut être finalement est-ce un projet libre, une plume que l’on a laissé courir un soir d’hiver, inspirée par quelques poèmes de Jacques Prévert…

 

Djarwood